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De temps à autre des hêtres s'ouvrent
Sur la demi-lune d'un près ou d'un champ,
Veillé par un épouvantail alangui
Sous une voûte de rocailles.
Il en émane on ne sait quel parfum de mystère payen
Des moines et des prêtres il n'y en a guère
dans cette abbaye,
qui loge une fabrique de bombecs.
Sur le coteaux vit un artiste
Comme qui dirait un fainéant...
Délicatement ma voix bas perchée descendra la lande
Où nous avons dansé si souvent. Où je t'ai rencontrée.
Ici l'on éprouve volontiers la nostalgie des écrivains
Pour le temps des charrettes, des liqueurs
De cassis ou de framboise, des fromages et de la gnôle
Je contemple l'alignement des foins j'hume l'air
tel le sanglier ou le chevreuil
Chaque premier dimanche des septembre,
Je défile dans les rues, perché, déguisé en cavalier des Gaules,
et je livre
Mon dernier combat contre Rome
dans la ville sainte d'Alésia
Comme le soleil se couche ma forêt s'éveille
Les villes semblent aussi lointaines que le pôle.
Vertu et pruderie ne sont pas de règles
Je barbote tout simplement dans l'affection.
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Point ici de bosquets élancés, de bambous vaporeux,
de sentes bordées de mousses dodues,
juste des pins aux branches déglinguées
où nul ne saurait s'abriter
Mes larmes s'y retrouvent sous le saule pleureur,
dans un lac miniature
où se reflètent les os du haut
de mon crâne d'idiot
Nos gestes lents sont chargés de pudeur
seule toi et ton ambassade y disposez là
d'une villégiature, où parfois tu t'adonnes
à la chasse au connard,
avant de t'excuser bien sûr,
auprès de mère
nature.
Parfois j'y déterre une missive,
une bouteille à la terre
un mensonge d'outre tombe
une demande en mariage oubliée, en dérive,
un secret oxydé
une carte au trésor
où l'on a omis
de préciser le nord
ou encore un soldat amerloc
égaré de sa guerre, avec tout son attirail, ses breloques
je vous le fais pas cher
Sous les buissons ronfle un alligator,
un Atila boulimique,
une femme dodue
rien que pour ma pomme
je la nomme poulette,
minette ou coquette,
mais c'est en fait
une sacrée cochonne.
Elle élit domicile
dans mon auberge verte
Je la nourrie d'humus,
et d'oiseaux de passage
qui s'arrêtent par ici
je sais c'est un délit
méfiez-vous du bocage
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CARTE POSTALE DE MON USINE
L'accession à la propriété
ne se fera qu'à la condition expresse
et en l'absence de toute dérogation
d'une connexion à très haut débit
vers le trou du silence.
Un simulacre suffira
En cas de panne inopinée,
connectez-vous au serveur,
ne regardez pas la caméra
un signal dédié vous transmettra,
à appliquer en mode sans échec,
les consignes du grand frère.
Les esclaves arborant les couleurs bleue et orange
et en possession de leur permis de mourir
pourront continuer à jouir
et à se plaindre en cas d'iniquité
Chaque mot sera considéré comme un cri
pour demander à manger
aucune métaphore, aucun mot d'esprit ne sera toléré
chacun de vos désir sera retenu contre vous
N'oubliez pas que le grand frère vous entend
qu'il vous aime et vous donnera tout ce dont vous avez besoin
Les agités du bocal, les VIP, les pirates, les anarcos
et les individus pourvus de sourcils
trouveront le pardon et la reconnaissance
et seront ré-intégrés avec tous les honneurs
dus aux porteurs de sang neuf
Ils pourront dès lors choisir
entre plusieurs expressions du visage
mais tout étonnement, tout aveuglement
sera formellement proscrit
et réprimé par le choco-confiscator
(confisqueur de chocolat)
Allez bossez maintenant !
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